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Les poèmes sont des grappes d'images

Zitat von jipe am 1. Januar 2024, 3:45 UhrBonne année, Les compliments en vers de Patachou, Derème Tristan / Philippe Huc (1889-1941)
Voici la nouvelle année
Souriante, enrubannée,
Qui pour notre destinée,
Par le ciel nous est donnée :
C’est à minuit qu’elle est née.Les ans naissent à minuit :
L’un arrive, l’autre fuit.La dernière année est morte.
Elle a refermé sa porte.
Elle a dit en un soupir :
« Janvier, je suis ta victime ! »
Elle a roulé dans l’abîme
Où dorment les vieux jeudis,
Les défuntes tourterelles,
Les baleines des ombrelles
Et les lunes de jadis.
Quel étrange paradis !Mais saluons les journées
De ce bourreau des années :
C’est Janvier. Sous son manteau
Il aiguise un grand couteau.
Le cruel n’en rate aucune.
C’est un destin sans espoir.
Il les tue au clair de lune,
À minuit, au fameux soir
Où s’endort le vieux Décembre ;
Et j’en rêve dans ma chambre.Nouvel an ! Joie et bonheur !
Pourquoi ne suis-je sonneur
De cloches, carillonneur,
Pour mieux dire à tout le monde
À ceux qui voguent sur l’onde
Ou qui rient dans leurs maisons,
Tous les vœux que nous faisons
Pour eux, pour toute la Terre
Pour mes amis les enfants
Pour les chasseurs de panthères
Et les dompteurs d’éléphants.Que cet an nouveau sourie
Même au petit ramoneur !
Que la maison soit fleurie
Des lumières du bonheur.
Bonne année, Les compliments en vers de Patachou, Derème Tristan / Philippe Huc (1889-1941)
Voici la nouvelle année
Souriante, enrubannée,
Qui pour notre destinée,
Par le ciel nous est donnée :
C’est à minuit qu’elle est née.
Les ans naissent à minuit :
L’un arrive, l’autre fuit.
La dernière année est morte.
Elle a refermé sa porte.
Elle a dit en un soupir :
« Janvier, je suis ta victime ! »
Elle a roulé dans l’abîme
Où dorment les vieux jeudis,
Les défuntes tourterelles,
Les baleines des ombrelles
Et les lunes de jadis.
Quel étrange paradis !
Mais saluons les journées
De ce bourreau des années :
C’est Janvier. Sous son manteau
Il aiguise un grand couteau.
Le cruel n’en rate aucune.
C’est un destin sans espoir.
Il les tue au clair de lune,
À minuit, au fameux soir
Où s’endort le vieux Décembre ;
Et j’en rêve dans ma chambre.
Nouvel an ! Joie et bonheur !
Pourquoi ne suis-je sonneur
De cloches, carillonneur,
Pour mieux dire à tout le monde
À ceux qui voguent sur l’onde
Ou qui rient dans leurs maisons,
Tous les vœux que nous faisons
Pour eux, pour toute la Terre
Pour mes amis les enfants
Pour les chasseurs de panthères
Et les dompteurs d’éléphants.
Que cet an nouveau sourie
Même au petit ramoneur !
Que la maison soit fleurie
Des lumières du bonheur.

Zitat von jipe am 8. Januar 2024, 3:21 UhrJanvier, Les oiseaux de neige, Louis Fréchette
La tempête a cessé. L’éther vif et limpide
A jeté sur le fleuve un tapis d’argent clair,
Où l’ardent patineur à l’envol intrépide
Glisse, un reflet de flamme à son soulier de fer.La promeneuse, loin de son boudoir tépide,
Bravant sous les peaux d’ours les morsures de l’air,
Au son des grelots d’or de son cheval rapide,
A nos yeux éblouis passe comme un éclair.Et puis, pendant les nuits froidement idéales,
Quand, au ciel, des lambeaux d’aurores boréales
Battent de l’aile ainsi que d’étranges oiseaux,Dans les salons ambrés, nouveaux temples d’idoles,
Aux accords de l’orchestre, au feu des girandoles,
Le quadrille joyeux déroule ses réseaux.
Janvier, Les oiseaux de neige, Louis Fréchette
La tempête a cessé. L’éther vif et limpide
A jeté sur le fleuve un tapis d’argent clair,
Où l’ardent patineur à l’envol intrépide
Glisse, un reflet de flamme à son soulier de fer.
La promeneuse, loin de son boudoir tépide,
Bravant sous les peaux d’ours les morsures de l’air,
Au son des grelots d’or de son cheval rapide,
A nos yeux éblouis passe comme un éclair.
Et puis, pendant les nuits froidement idéales,
Quand, au ciel, des lambeaux d’aurores boréales
Battent de l’aile ainsi que d’étranges oiseaux,
Dans les salons ambrés, nouveaux temples d’idoles,
Aux accords de l’orchestre, au feu des girandoles,
Le quadrille joyeux déroule ses réseaux.

Zitat von jipe am 15. Januar 2024, 3:25 UhrL’acteur, Jean Cocteau
Poème interprété par Claude Nougaro et Jacques Higelin, c'est à écouter en cliquant ici.
L’acteur, Jean Cocteau
Poème interprété par Claude Nougaro et Jacques Higelin, c'est à écouter en cliquant ici.

Zitat von jipe am 22. Januar 2024, 3:27 UhrLa mémoire, Poésies et nouvelles, Sophie d'Arbouville
Eh bien ! que fais-tu donc, ô Mémoire infidèle ?
Tu ne sais plus ces vers, poésie immortelle,
Consacrés par la gloire et redits en tous lieux !
Ces sublimes accents au rythme harmonieux,
Où d'un poète aimé le génie étincelle,
Mémoire, que fuis-tu, si tu ne les retiens ?
« Je me souviens !« Mais, passant à travers les grands bruits de la terre,
Qui doit se souvenir, hélas ! a trop à faire.
Contre moi, chaque jour, combat l'oubli jaloux :
Je ne puis tout garder, et je choisis pour vous.
Du rayon qui donna la plus fraîche lumière,
D'un suave parfum, de sons éoliens,
Je me souviens.« Souvent, abandonnant au burin de l'histoire,
Tout ce qui tient en main le sceptre de la gloire,
Je laisse à tout hasard, au loin, errer mes pas,
Dans des sentiers obscurs où l'on chante tout bas.
Plus attentive alors, moi, pauvre humble Mémoire,
D'espoirs, de doux pensers, rêves aériens,
Je me souviens.« Si parfois un ami, triste et rempli d'alarme,
Vient chercher près de vous quelque espoir qui le charme ;
Sa main dans votre main, quand s'entr'ouvre son cœur,
— Le cœur, qui sait si bien parler de la douleur ! —
Du mal de votre ami, d'un regard, d'une larme,
De tout ce qui s'échappe en vos longs entretiens,
Je me souviens.« A tout ce qui gémit et pleure dans la vie,
Je prête, en cheminant, une oreille attendrie ;
J'écoute mieux encor ceux qui ne parlent plus,
Les amis d'autrefois au tombeau descendus :
Je fais revivre en moi l'âme qui s'est enfuie ;
Des nœuds qui sont rompus rattachant les liens,
Je me souviens !« Assez d'autres sans moi garderont souvenance
De ces vers tant aimés ; qu'importe mon silence !
Quand la gloire a parlé, mes soins sont superflus. »
— C'est bien ! je suis contente, et ne veux rien de plus
Si, n'oubliant jamais ni bonheur ni souffrance,
Lorsque je vois s'enfuir les plus chers de mes biens,
Tu te souviens !
La mémoire, Poésies et nouvelles, Sophie d'Arbouville
Eh bien ! que fais-tu donc, ô Mémoire infidèle ?
Tu ne sais plus ces vers, poésie immortelle,
Consacrés par la gloire et redits en tous lieux !
Ces sublimes accents au rythme harmonieux,
Où d'un poète aimé le génie étincelle,
Mémoire, que fuis-tu, si tu ne les retiens ?
« Je me souviens !
« Mais, passant à travers les grands bruits de la terre,
Qui doit se souvenir, hélas ! a trop à faire.
Contre moi, chaque jour, combat l'oubli jaloux :
Je ne puis tout garder, et je choisis pour vous.
Du rayon qui donna la plus fraîche lumière,
D'un suave parfum, de sons éoliens,
Je me souviens.
« Souvent, abandonnant au burin de l'histoire,
Tout ce qui tient en main le sceptre de la gloire,
Je laisse à tout hasard, au loin, errer mes pas,
Dans des sentiers obscurs où l'on chante tout bas.
Plus attentive alors, moi, pauvre humble Mémoire,
D'espoirs, de doux pensers, rêves aériens,
Je me souviens.
« Si parfois un ami, triste et rempli d'alarme,
Vient chercher près de vous quelque espoir qui le charme ;
Sa main dans votre main, quand s'entr'ouvre son cœur,
— Le cœur, qui sait si bien parler de la douleur ! —
Du mal de votre ami, d'un regard, d'une larme,
De tout ce qui s'échappe en vos longs entretiens,
Je me souviens.
« A tout ce qui gémit et pleure dans la vie,
Je prête, en cheminant, une oreille attendrie ;
J'écoute mieux encor ceux qui ne parlent plus,
Les amis d'autrefois au tombeau descendus :
Je fais revivre en moi l'âme qui s'est enfuie ;
Des nœuds qui sont rompus rattachant les liens,
Je me souviens !
« Assez d'autres sans moi garderont souvenance
De ces vers tant aimés ; qu'importe mon silence !
Quand la gloire a parlé, mes soins sont superflus. »
— C'est bien ! je suis contente, et ne veux rien de plus
Si, n'oubliant jamais ni bonheur ni souffrance,
Lorsque je vois s'enfuir les plus chers de mes biens,
Tu te souviens !

Zitat von jipe am 29. Januar 2024, 3:47 UhrSi je meurs, Race des hommes, Jacques Audiberti
Si je meurs, qu'aille ma veuve
à Javel près de Citron.
dans un bistrot elle y trouve
à l'adresse du Beau-Bruntrois musicos de fortune
qui lui joueront- mi ré mi -
l'air de la petite Tane
qui m'aurait peut-être aimépuisqu'elle n'offrait qu'une ombre
sur le rail des violons.
Mon épouse, ô ma novembre,
sous terre les jours sont lents.
Si je meurs, Race des hommes, Jacques Audiberti
Si je meurs, qu'aille ma veuve
à Javel près de Citron.
dans un bistrot elle y trouve
à l'adresse du Beau-Brun
trois musicos de fortune
qui lui joueront- mi ré mi -
l'air de la petite Tane
qui m'aurait peut-être aimé
puisqu'elle n'offrait qu'une ombre
sur le rail des violons.
Mon épouse, ô ma novembre,
sous terre les jours sont lents.

Zitat von jipe am 5. Februar 2024, 3:33 UhrJe ne suis Personne ! Qui es-tu ? (Ma modeste traduction), Oeuvres poétiques complètes, Emily Dickinson
Je ne suis personne ! Qui êtes-vous ?
Etes-vous – Personne – également ?
Alors nous faisons la paire !
Ne le dites pas ! ils l’annonceraient – vous savez !Comme c’est ennuyeux / triste — d'être — Quelqu'un !
Comme c’est public — telle une grenouille —
De dire son nom — tout au long du mois de Juin —
A un Marécage admiratif !La version originale : I’m Nobody ! Who are you ?
I’m Nobody ! Who are you ?
Are you – Nobody – too ?
Then there’s a pair of us !
Don’t tell ! they’d advertise – you know !How dreary – to be – Somebody !
How public – like a Frog –
To tell one’s name— the livelong June –
To an admiring Bog !
Je ne suis Personne ! Qui es-tu ? (Ma modeste traduction), Oeuvres poétiques complètes, Emily Dickinson
Je ne suis personne ! Qui êtes-vous ?
Etes-vous – Personne – également ?
Alors nous faisons la paire !
Ne le dites pas ! ils l’annonceraient – vous savez !
Comme c’est ennuyeux / triste — d'être — Quelqu'un !
Comme c’est public — telle une grenouille —
De dire son nom — tout au long du mois de Juin —
A un Marécage admiratif !
La version originale : I’m Nobody ! Who are you ?
I’m Nobody ! Who are you ?
Are you – Nobody – too ?
Then there’s a pair of us !
Don’t tell ! they’d advertise – you know !
How dreary – to be – Somebody !
How public – like a Frog –
To tell one’s name— the livelong June –
To an admiring Bog !

Zitat von jipe am 12. Februar 2024, 3:30 UhrFévrier, Les oiseaux de neige, Louis-Honoré Fréchette
Aux pans du ciel l’hiver drape un nouveau décor ;
Au firmament l’azur de tons roses s’allume ;
Sur nos trottoirs un vent plus doux enfle la plume
Des petits moineaux gris qu’on y retrouve encor.Maint coup sec retentit dans la forêt qui dort ;
Et, dans les ravins creux qui s’emplissent de brume,
Aux franges du brouillard malsain qui nous enrhume
L’Orient plus vermeil met une épingle d’or.Folâtre, et secouant sa clochette argentine,
Le bruyant Carnaval fait sonner sa bottine
Sur le plancher rustique ou le tapis soyeux ;Le spleen chassé s’en va chercher d’autres victimes ;
La gaîté vient s’asseoir à nos cercles intimes ...
C’est le mois le plus court : passons-le plus joyeux !
Février, Les oiseaux de neige, Louis-Honoré Fréchette
Aux pans du ciel l’hiver drape un nouveau décor ;
Au firmament l’azur de tons roses s’allume ;
Sur nos trottoirs un vent plus doux enfle la plume
Des petits moineaux gris qu’on y retrouve encor.
Maint coup sec retentit dans la forêt qui dort ;
Et, dans les ravins creux qui s’emplissent de brume,
Aux franges du brouillard malsain qui nous enrhume
L’Orient plus vermeil met une épingle d’or.
Folâtre, et secouant sa clochette argentine,
Le bruyant Carnaval fait sonner sa bottine
Sur le plancher rustique ou le tapis soyeux ;
Le spleen chassé s’en va chercher d’autres victimes ;
La gaîté vient s’asseoir à nos cercles intimes ...
C’est le mois le plus court : passons-le plus joyeux !

Zitat von jipe am 19. Februar 2024, 3:18 UhrL’hiver sur la prairie, Capitale de la douleur, Paul Eluard
L’hiver sur la prairie apporte des souris.
J’ai rencontré la jeunesse.
Toute nue aux plis de satin bleu,
Elle riait du présent, mon bel esclave.Les regards dans les rênes du coursier,
Délivrant le bercement des palmes de mon sang,
Je découvre soudain le raisin des façades couchées sur le soleil,
Fourrure du drapeau des détroits insensibles.La consolation graine perdue,
Le remords pluie fondue,
La douleur bouche en cœur
Et mes larges mains luttent.La tête antique du modèle
Rougit devant ma modestie.
Je l’ignore, je la bouscule.
Ô ! lettres aux timbres incendiaires
Qu’un bel espion n’envoya pas !
Il glissa une hache de pierre
Dans la chemise de ses filles,
De ses filles tristes et paresseuses.A terre, à terre tout ce qui nage !
A terre, à terre tout ce qui vole !
J’ai besoin des poissons pour porter ma couronne
Autour de mon front,
J’ai besoin des oiseaux pour parler à la foule.
L’hiver sur la prairie, Capitale de la douleur, Paul Eluard
L’hiver sur la prairie apporte des souris.
J’ai rencontré la jeunesse.
Toute nue aux plis de satin bleu,
Elle riait du présent, mon bel esclave.
Les regards dans les rênes du coursier,
Délivrant le bercement des palmes de mon sang,
Je découvre soudain le raisin des façades couchées sur le soleil,
Fourrure du drapeau des détroits insensibles.
La consolation graine perdue,
Le remords pluie fondue,
La douleur bouche en cœur
Et mes larges mains luttent.
La tête antique du modèle
Rougit devant ma modestie.
Je l’ignore, je la bouscule.
Ô ! lettres aux timbres incendiaires
Qu’un bel espion n’envoya pas !
Il glissa une hache de pierre
Dans la chemise de ses filles,
De ses filles tristes et paresseuses.
A terre, à terre tout ce qui nage !
A terre, à terre tout ce qui vole !
J’ai besoin des poissons pour porter ma couronne
Autour de mon front,
J’ai besoin des oiseaux pour parler à la foule.

Zitat von jipe am 22. Februar 2024, 13:58 UhrMissak Manouchian, célébré au Panthéon en France le 21/02/2024, résistant arménien et apatride, fusillé par les Nazis ...
Poèmes traduits de l'arménien par Gérard Hekimian, La poésie arménienne, Anthologie des origines à nos jours sous la direction de Rouben MélikLe miroir et moi
Dans tes yeux de la fatigue et sur ton front tant de rides,
Parmi tes cheveux les blancs, vois, tant de blancs camarade…
Ainsi me parle souvent l'investigateur miroir
Toutes les fois que, muet, je me découvre seul en lui.Tous les jours de mon enfance et les jours de ma jeunesse
Je – cœur parfois tout disjoint – les brimais pour l'holocauste
Sur l'autel des vanités tyranniques de ce temps,
Naïf – tenant pour abri l'espoir tant de fois promis.Comme un forçat supplicié, comme un esclave qu'on brime
J'ai grandi nu sous le fouet de la gêne et de l'insulte,
Me battant contre la mort, vivre étant le seul problème…
Quel guetteur têtu je fus des lueurs et des mirages !Mais l'amertume que j'ai bue aux coupes du besoin
S'est faite – fer devenue – que révolte, qu'énergie :
Se propageant avec fureur mon attente depuis
Enfouie jusqu'au profond du chant m'est cri élémentaire.Et qu'importe, peu m'importe :
Que le temps aille semant sa neige sur mes cheveux !
Cours fertile qui s'élargit et qui s'approfondit
Au cœur de toute humanité très maternellement.Et nous discutons dans un face-à-face, à "contre-temps",
Moi naïvement songeur, lui ironique et lucide;
Le temps ? Qu'importe ce blanc qu'il pose sur les cheveux :
Mon âme comme un fleuve est riche de nouveaux courants.Privation
La question, des amis parfois me la posent:
" Comment vis-tu donc, et comment l'âme ardente
Veux-tu donner force aux cœurs qu'a fuis l'espoir ?
Le pain et le besoin sont ton lot pourtant."Quand j'erre dans les rues d'une métropole,
Toutes les misères, tous les dénuements,
Lamentation et révolte l'une à l'autre,
Mes yeux les rassemblent, mon âme les loge.Je les mêle ainsi à ma souffrance intime,
Préparant avec les poisons de la haine
Un âcre sérum – cet autre sang qui coule
Par tous les vaisseaux de ma chair, de mon âme.Cet élixir vous semblerait-il étrange ?
Il me rend du moins la conscience du tigre,
Lorsque dents et poings serrés, tout de violence,
Je passe par les rues d'une métropole.Et qu'on dise de moi: il est fou d'ivresse,
Flux et reflux d'une vision
Ne cessent d'investir mes propres pensées,
Et je me hâte, assuré de la victoire.
Missak Manouchian, célébré au Panthéon en France le 21/02/2024, résistant arménien et apatride, fusillé par les Nazis ...
Poèmes traduits de l'arménien par Gérard Hekimian, La poésie arménienne, Anthologie des origines à nos jours sous la direction de Rouben Mélik
Le miroir et moi
Dans tes yeux de la fatigue et sur ton front tant de rides,
Parmi tes cheveux les blancs, vois, tant de blancs camarade…
Ainsi me parle souvent l'investigateur miroir
Toutes les fois que, muet, je me découvre seul en lui.
Tous les jours de mon enfance et les jours de ma jeunesse
Je – cœur parfois tout disjoint – les brimais pour l'holocauste
Sur l'autel des vanités tyranniques de ce temps,
Naïf – tenant pour abri l'espoir tant de fois promis.
Comme un forçat supplicié, comme un esclave qu'on brime
J'ai grandi nu sous le fouet de la gêne et de l'insulte,
Me battant contre la mort, vivre étant le seul problème…
Quel guetteur têtu je fus des lueurs et des mirages !
Mais l'amertume que j'ai bue aux coupes du besoin
S'est faite – fer devenue – que révolte, qu'énergie :
Se propageant avec fureur mon attente depuis
Enfouie jusqu'au profond du chant m'est cri élémentaire.
Et qu'importe, peu m'importe :
Que le temps aille semant sa neige sur mes cheveux !
Cours fertile qui s'élargit et qui s'approfondit
Au cœur de toute humanité très maternellement.
Et nous discutons dans un face-à-face, à "contre-temps",
Moi naïvement songeur, lui ironique et lucide;
Le temps ? Qu'importe ce blanc qu'il pose sur les cheveux :
Mon âme comme un fleuve est riche de nouveaux courants.
Privation
La question, des amis parfois me la posent:
" Comment vis-tu donc, et comment l'âme ardente
Veux-tu donner force aux cœurs qu'a fuis l'espoir ?
Le pain et le besoin sont ton lot pourtant."
Quand j'erre dans les rues d'une métropole,
Toutes les misères, tous les dénuements,
Lamentation et révolte l'une à l'autre,
Mes yeux les rassemblent, mon âme les loge.
Je les mêle ainsi à ma souffrance intime,
Préparant avec les poisons de la haine
Un âcre sérum – cet autre sang qui coule
Par tous les vaisseaux de ma chair, de mon âme.
Cet élixir vous semblerait-il étrange ?
Il me rend du moins la conscience du tigre,
Lorsque dents et poings serrés, tout de violence,
Je passe par les rues d'une métropole.
Et qu'on dise de moi: il est fou d'ivresse,
Flux et reflux d'une vision
Ne cessent d'investir mes propres pensées,
Et je me hâte, assuré de la victoire.

Zitat von jipe am 4. März 2024, 3:39 UhrIl paraît que nous sommes toujours en hiver … Simplement la nature ne nous le montre pas ! Des tas de plantes fleurissent comme au printemps !
Impression d’hiver, La nature, Maurice Rollinat
L’herbe tombe en décrépitude,
L’eau vive gèle au fond des trous :
Seul, un bois de pins et de houx
Reste vert dans la solitude.Ironique par ce temps rude
Cette couleur a l’air moins doux
Que les tons fanés, bruns et roux.
Dont l’œil prend la morne habitude.Ce verdoiement noircit le froid,
Et quand on marche en cet endroit
Une vague horreur vous escorte :Car ils semblents maudits, l’hiver,
Ces terrains tout nus comme un ver,
Sans un lambeau de feuille morte.
Il paraît que nous sommes toujours en hiver … Simplement la nature ne nous le montre pas ! Des tas de plantes fleurissent comme au printemps !
Impression d’hiver, La nature, Maurice Rollinat
L’herbe tombe en décrépitude,
L’eau vive gèle au fond des trous :
Seul, un bois de pins et de houx
Reste vert dans la solitude.
Ironique par ce temps rude
Cette couleur a l’air moins doux
Que les tons fanés, bruns et roux.
Dont l’œil prend la morne habitude.
Ce verdoiement noircit le froid,
Et quand on marche en cet endroit
Une vague horreur vous escorte :
Car ils semblents maudits, l’hiver,
Ces terrains tout nus comme un ver,
Sans un lambeau de feuille morte.