Nur ungelesene Themen anzeigen   

Forum-Navigation
Du musst dich anmelden um Beiträge und Themen zu erstellen.

Les poèmes sont des grappes d'images

VorherigeSeite 5 von 6Nächste

Le temps perdu

Si peu d’oeuvres pour tant de fatigue et d’ennui !
De stériles soucis notre journée est pleine :
Leur meute sans pitié nous chasse à perdre haleine,
Nous pousse, nous dévore, et l’heure utile a fui…

« Demain ! J’irai demain voir ce pauvre chez lui,
« Demain je reprendrai ce livre ouvert à peine,
« Demain je te dirai, mon âme, où je te mène,
« Demain je serai juste et fort… pas aujourd’hui. »

Aujourd’hui, que de soins, de pas et de visites !
Oh ! L’implacable essaim des devoirs parasites
Qui pullulent autour de nos tasses de thé !

Ainsi chôment le coeur, la pensée et le livre,
Et, pendant qu’on se tue à différer de vivre,
Le vrai devoir dans l’ombre attend la volonté.

René-François Sully Prudhomme

Chanson du Pays d’U., lu dans Madame la Mort, de S.-A. Steeman (je n'ai trouvé nulle part ce qu'est le "Pays d'U." ...)

- Qui frappe à la porte si tôt ?
- La Mort, la Mort que vous appelez.

- Allez-vous-en, Mort,
Revenez cet été.
Allez-vous-en, Mort,
On n'a rien à vous donner.

- Je ne viens pas mendier,
Je viens vous emporter.
Dites votre dernier Ave.

- Allez-vous-en, Mort,
Ou l'on va vous tuer.

 

L'espoir, Lieu d'exil, Jean-Georges Lossier

La bouche pleine de fureur
Ne jette plus
Ses imprécations.

Un grand cri de joie
Fait tourner plus fort
La roue solaire.

Le monde fracturé
Recompose doucement
Son unité.

Les oiseaux se parlent
La paix revient
Comme une barque de musique.

 

Musique (essai de traduction de jipé, merci de l’améliorer), Eva Strittmatter

J'entends une musique la nuit.
Une musique de violon qu'un violoniste m'a envoyée,
dont je ne connaissais pas le jeu depuis des années.
Il y a longtemps, il m'a rendu heureux.
Maintenant, j'entends sa musique la nuit
et je sais que le violoniste me connaît aussi.
Il a lu mes notes sur le papier blanc
et a été ému par mes signes.
De même que son jeu m'excite l'âme,
Mes mots l’ont forcé à aimer.
Il m'a écrit de tels mots
et veut m'en dire plus par son jeu.
Les mystères se produisent aussi de nos jours.

Texte original :
Musik

Ich höre eine Musik zur Nacht.
Eine Geigenmusik, die ein Geiger mir sandte,
dessen Spiel ich seit Jahren unbekannt kannte.
Vor Zeiten hat es mir Glück gemacht.
Nun höre ich seine Musik zur Nacht
und weiss : der Geiger weiß auch von mir.
Er las meine Spuren auf weißem Papier
und wurde von meinen Zeichen bewegt.
So wie sein Spiel mir die Seele erregt,
zwangen ihn meine Worte zu lieben.
Er hat mir solche Worte geschrieben
und will mir mit seinem Spiel mehr sagen.
Mysterien geschehn auch in unseren Tagen.

 

Mois d'août

- François Coppée

Par les branches désordonnées
Le coin d'étang est abrité,
Et là poussent en liberté
Campanules et graminées.

Caché par le tronc d'un sapin,
J'y vais voir, quand midi flamboie,
Les petits oiseaux, pleins de joie,
Se livrer au plaisir du bain.

Aussi vifs que des étincelles,
Ils sautillent de l'onde au sol,
Et l'eau, quand ils prennent leur vol,
Tombe en diamants de leurs ailes.

Mais mon cœur, lassé de souffrir,
En les admirant les envie,
Eux qui ne savent de la vie
Que chanter, aimer et mourir !

L’ordinateur et l’enfant, Jean Rousselot, extrait de "Nouveaux trésors de la poésie pour enfants" de Georges Jean

Parce qu’il perdait la mémoire
Un ordinateur alla voir
Un éléphant de ses amis
C’est sûr, je vais perdre ma place,
Lui dit-il, viens donc avec moi.
Puisque jamais ceux de ta race
N’oublient rien, tu me souffleras.
Pour la paie, on s’arrangera.

Ainsi firent les deux compères.
Mais l’éléphant était vantard
Voilà qu’il raconte ses guerres,
Le passage du Saint-Bernard,
Hannibal et Jules César...

Les ingénieurs en font un drame
Ça n’était pas dans le programme
Et l’éléphant, l’ordinateur
Tous les deux, les voilà chômeurs.

De morale je ne vois guère
A cette histoire, je l’avoue.
Si vous en trouvez une, vous,
Portez-la chez le Commissaire;
Au bout d’un an, elle est à vous
Si personne ne la réclame.

Blanchi, Pigments, Léon Gontran Damas

Pour Christiane et Aliouane Diop (Aliouane Diop, fondateur de la revue Présence africaine)

Se peut-il donc qu’ils osent
me traiter de blanchi
alors que tout en moi
aspire à n’être que nègre
autant que mon Afrique
qu’ils ont cambriolée

Blanchi

Abominable injure
qu’ils me paieront fort cher
quand mon Afrique
qu’ils ont cambriolée
voudra la paix la paix rien que
la paix

Blanchi

Ma haine grossit en marge
de leur scélératesse

en marge
des coups de fusil
en marge
des coups de roulis
des négriers
des cargaisons fétides de l’esclavage cruel

Blanchi

Ma haine grossit
en marge de la culture
en marge
des théories
en marge des bavardages
dont on a cru devoir
me bourrer au berceau
alors que tout aspire en moi à n’être que nègre
a
utant que mon Afrique qu’ils ont cambriolée

 

Boum ! Par chez nous, malgré les pluie de ce printemps, nous sommes passés en alerte sécheresse … Interdiction d’arroser entre 9 h et 19 h les jardins potagers, les pelouses, les massifs fleuris.
Pour illustrer cette sécheresse, un poème de circonstance : Sécheresse, Mémo
Source : un site qui vaut le détour pour découvrir ou redécouvrir des poètes connus et découvrir des poètes peu ou pas connus : https://www.poeme-france.com/)

La terre se brise sous mes pas,
Le jour se lève, le vent est là,
La pluie annoncée ne vient pas,
Les graines en sol ne germent pas.

Les blés qui dansent au vent d’été
Devront être vite moissonnés.
Les tournesols seront grillés
Une fois de plus cette année.

Le ru qui serpente dans la plaine
N'aura plus d’eau, et que ma peine
Est toute aussi forte que ma haine,
Envers ceux de la race humaine,

Qui empoisonnent notre atmosphère
Sous prétexte qu’il faut être prospère,
Mais qui sous leurs airs débonnaires
Vont faire de la Terre un enfer.

J’écris pour que le jour..., L’Ombre des jours, Anna de Noailles

J’écris pour que le jour où je ne serai plus
On sache comme l’air et le plaisir m’ont plu,
Et que mon livre porte à la foule future
Comme j’aimais la vie et l’heureuse Nature.

Attentive aux travaux des champs et des maisons,
J’ai marqué chaque jour la forme des saisons,
Parce que l’eau, la terre et la montante flamme
En nul endroit ne sont si belles qu’en mon âme !

J’ai dit ce que j’ai vu et ce que j’ai senti,
D’un cœur pour qui le vrai ne fut point trop hardi,
Et j’ai eu cette ardeur, par l’amour intimée,
Pour être, après la mort, parfois encore aimée,

Et qu’un jeune homme, alors, lisant ce que j’écris,
Sentant par moi son cœur ému, troublé, surpris,
Ayant tout oublié des épouses réelles,
M’accueille dans son âme et me préfère à elles...

Trois grenouilles …, L’amour en visites, Alfred Jarry

Trois grenouilles passèrent le gué,
Ma mie Olaine,
Avec des aiguilles et un dé,
Du fil de laine.

C'est pour la robe du roi,
Ma mie Olaine,
Qu'elles feront avec le doigt
Et de la laine.

Voici qu'arrive le bourreau,
Ma mie Olaine,
Apportant un grand sarrau
De grosse laine.

- Coupez, cousez l'habit d’Elbeuf
Ma mie Olaine.
C'est plein de sang, mais c'est tout neuf
Et c'est en laine.

Nous ne toucherons point au sang,
Ma mie Olaine.
Aimerions mieux pourrir dedans
Avec la laine !

Le roi n'est plus, le roi est mort,
Ma mie Olaine.
Et nous partagerons son sort :
Cassez la laine !

VorherigeSeite 5 von 6Nächste